2022, une année à oublier (partie 2).

Où allons-nous?

Je commence cet article avec quelques citations qui traduisent bien ma façon de penser sur le jeu des prédictions économiques et plus globalement, sur l’état mental des investisseurs à l’heure actuelle.

"Les prévisions vous en disent beaucoup sur ceux qui les font, elles ne vous disent rien sur l'avenir." — Warren E. Buffet

"Si vous ne pouvez pas contrôler vos émotions, vous ne pouvez pas contrôler votre argent." — Warren E. Buffet

"La qualité la plus importante pour un investisseur est le tempérament, pas l'intellect." — Warren E. Buffet

"Soyez craintif quand les autres sont avides. Soyez avide quand les autres sont craintifs." — Warren E. Buffet

"La confiance est comme l'air que nous respirons - lorsqu'elle est présente, personne ne le remarque vraiment ; quand il est absent, tout le monde le remarque." — Warren E. Buffet

"La prévision est toujours très difficile, surtout lorsqu’elle concerne le futur" — Niels Bohr

Voilà c’est tout ce que j’avais à vous dire. Merci et bonne soirée.

Blagues à part, je crois que ces citations démontrent bien le côté futile des prévisions économiques et l’irrationnalité des investisseurs en période d’instabilité économique. J’aimerais pouvoir vous conforter et vous dire qu’il existe une façon de prédire l’avenir. La pure vérité, c’est que personne ne peut prédire ce qui va se passer dans l’économie dans le prochain mois. Encore moins, dans la prochaine année ou la prochaine décennie. Ceux qui prétendent le contraire sont, soit volontairement, soit involontairement, désillusionnés.

L’être humain peut être allergique à tout un tas de pathogènes. Les marchés financiers n’a qu’une allergie: L’incertitude!

Force est d’admettre que l’environnement économique et géopolitique ne pourrait être plus qu’incertain à l’heure où j’écris ces lignes. Alors, si je suis un investisseur qui éprouve une certaine anxiété face à la situation actuelle, que faire? Que faire quand un des stratèges les plus célèbres sur la planète prédit une apocalypse économique imminente avec une confiance inébranlable (et quelque peu risible!).

La réponse: Il faut se sortir du moment présent et regarder calmement ce que l’histoire nous enseigne. Parce que, tel qu’avancé par les économistes Carmen Reinhard et Kenneth Rogoff dans leur livre à succès intitulé "cette fois, c’est différent", la pire erreur qu’un investisseur puisse commettre est celle de penser que : Cette fois, c’est différent!

Dans un article paru en 2011 dans le Journal La Presse, ce même stratège y allait d’une prédiction pour le moins pessimiste de l’économie américaine suite à la crise financière de 2008-2009: "On va devoir faire face à des politiques d'austérité sans précédent et ça va prendre au moins une génération avant que les choses ne se replacent. Le capitalisme moderne, c’est terminé!», anticipe le stratège." Résultat: Entre le 15 octobre 2011 (date de parution de l’article) et aujourd’hui, l’indice phare de la bourse américaine (le S&P 500) a produit un rendement total, incluant le réinvestissement des dividendes, de 13,19% par année. Pas si mal non?

Si, avec une somme hypothétique de 100 000$, vous aviez cédé à la panique (2011) à l’écoute des paroles alarmistes de ce stratège et que vous aviez déplacé vos billes dans un simple compte bancaire, vous auriez aujourd’hui plus ou moins 118 675$ dans vos poches. Au contraire, si vous étiez restés totalement investi dans le S&P 500 durant la même période, votre pactole s’élèverait aujourd’hui à plus de 415 000$. Une différence plus que notable.

En 1987, le célèbre économiste Ravi Batra publiait son livre intitulé: La grande dépression des années 90. Le livre trôna au sommet du palmarès des livres les plus vendus de l’année du The New York Times. L’auteur prédisait une crise économique longue d’une décennie, causé par l’avènement de l’ordinateur et de la mondialisation; Une crise comme nous n’en avions pas connu auparavant. Résultat: La bourse américaine a enregistré une croissance moyenne de 18% par année durant cette période. Je vous laisse imaginer le trou béant dans votre portefeuille si vous aviez alors cédé à la panique.

Ce que je tente d’exprimer ici, c’est que nul ne peut prédire la direction des marchés à court terme. Ceux qui qui n’ont pas été capables de contrôler leurs émotions et de voir plus loin que le moment présent ont appris une leçon à la dure. Il ne faut jamais oublier que les marchés boursiers sont des outils dont la principale fonction est de transmettre les profits des investisseurs impatients aux investisseurs patients. Il ne faut donc pas voir les chocs boursiers comme une occasion de vendre (pour se réfugier dans un compte à intérêts élevés ou un CPG), mais bien comme une occasion de faire le plein de titres bon marché.

La bonne nouvelle c’est que tout est bon marché en ce moment; autant les actions que les titres à revenus fixes. Ce genre de situation (correction de toutes les classes d’actifs en même temps) n’est pas survenue souvent dans l’histoire des marchés financiers. En d’autres termes, autant les investisseurs audacieux (actions) que les investisseurs prudents (titres à revenus fixes) ont subi la correction de 2022 de plein fouet. C’est probablement ce qui explique la morosité tous azimuts qui règne sur les marchés en ce moment. Les raisons derrière cette correction à deux têtes ont été abordées dans mon dernier billet: La hausse de l’inflation a obligé les banquiers centraux à effectuer un des resserrements monétaires les plus rapides et sévères de l’histoire (hausse du taux d’intérêt directeur).

La grande majorité des titres à revenus fixes qui circulaient alors dans l’économie offrait un rendement d’intérêt très faible; les taux obligataires ayant été au plancher pendant plusieurs années suite à la crise financière de 2008-2009. Avec la hausse récente du taux directeur des banques centrales, les nouvelles émissions de titres à revenus fixes offrent des rendements beaucoup plus intéressants qu’auparavant. Alors, tous les "vieux" titres à revenus encore présents sur les marchés (pas encore arrivés à échéance) qui offrent des rendements d’intérêts anémiques deviennent alors en défaveur (ne sont plus attrayants du tout pour l’investisseur; on peut trouver mieux avec les nouvelles émissions!). Comme les marchés financiers protègent toujours l’équilibre économique, la valeur de ces titres peu attrayants se devaient de diminuer pour préserver l’équilibre de marché; d’où la piètre performance des titres à revenus fixes en 2022.

Du côté des marchés boursiers, plusieurs facteurs expliquent la dégringolade. La hausse des taux d’intérêt demeure cependant le facteur principal.

En terminant, j’aimerais faire une parenthèse sur l’importance de rester investi en tout temps dans les marchés et d’éviter de céder à la panique dans les moments plus difficiles. Ne pas être présent sur les marchés lors des meilleurs jours en bourse est fatal pour les rendements de son portefeuille. Si vous pensiez capituler et vendre tous vos placements pour investir dans un CPG, regardez attentivement les graphiques qui suivent:

Alors, voilà, je ne peux prédire ce qui se passera sur les marchés dans le prochain mois, ni même la prochaine année. La seule certitude que j’ai à vous offrir est que les marchés boursiers continueront d’offrir de bons rendements à LONG TERME (de l’ordre de 8 ou 9% pour la bourse américaine). Je sais aussi que c’est le "Boxing Day" en ce moment sur les marchés financiers, autant pour les actions que les titres à revenus fixes. De mon côté, je préfère être avide quand les autres sont craintifs…

*** Dans mon prochain billet de blogue: Le marché immobilier; perspectives et mythes.





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